Un incroyable et retentissant échec. Voilà comment résumer l’année 2022 en ce qui concerne les micro-aventures. Petit contexte : motivé depuis bien longtemps par le très bon article de Les Others sur l’importance de partir à l’aventure, même si ce n’est que pour un ou deux jours, je m’étais fixé l’objectif – que j’estimais maladroitement raisonnable – d’une micro-aventure par mois. Et c’est par rapport à cette vision que l’année fut un échec, au point même de questionner l’intérêt de l’article que vous lisez en ce moment-même.

Bien entendu, les raisons de cet échec s’expliquent facilement et sont loin d’être dramatiques, mais si l’on place côte à côte les objectifs et les résultats, il est difficile de ne pas grincer des dents. Alors évidemment, je pourrais inclure les micro-aventures que j’ai faites au sein même de plus grandes aventures durant mes mois de backpacking (comme ce fut le cas aux Îles Féroé par exemple ou plus récemment en Corse), mais ce serait tricher, et tricher n’est pas jouer.

L’important n’est pas de partir loin, l’important n’est pas de partir longtemps. Non, l’important, c’est juste de partir. Être ailleurs pendant quelque temps et donner à ses yeux l’opportunité de contempler quelque chose qui ne leur est pas familier, ne serait-ce que pour quelques heures. Le voilà le véritable intérêt du voyage.

Au final, avec douze aventures en ligne de mire (au strict minimum, pensais-je avec arrogance), j’ai dû me contenter d’à peine la moitié. Ce qui ne veut pas dire que ces six-là n’ont pas été formidables, bien au contraire, car elles sont de surcroît l’espoir d’un 2023 plus prolifique et mieux organisé. Tout d’abord, la règle des “une par mois” doit rester, avec pour astérisque les mois où je suis à l’étranger. Ensuite, le travail de motivation de l’entourage va devoir être mieux fait, beaucoup mieux fait, et les idées alternatives être mieux accueillies. En attendant, veuillez trouver ci-après, un petit résumé des road trips de 2022 accompagné de quelques photographies.

À lire également :

Mon carnet de bord de micro-aventures

Un singe en hiver

L’échec mentionné en introduction est arrivé beaucoup plus rapidement que prévu, dès les premiers mois de 2022 à vrai dire. Deux problématiques se sont élevées face à moi : tout d’abord le refus de collaborer de la société nationale des chemins de fer français et leurs prix absolument exorbitants pour n’importe quel trajet; et ensuite la difficulté de trouver des choses intéressantes à voir en hiver lorsque l’on a peu d’argent et peu de mobilité. J’ai même dû me résoudre à m’auto-convaincre qu’une randonnée de 4h sur un petit sentier à 30 minutes de chez moi constituait en soi une micro-aventure, afin de ne pas échouer dès le mois de février. Spoiler, le défi ne tiendra que jusqu’au mois de mars.

Tout n’avait pourtant pas si mal commencé. Après avoir lu le très sympathique livre Slow Train de Juliette Labaronne, dans lequel l’autrice propose trente voyages ferroviaires en France métropolitaine, j’avais mis de côté quelques lignes à explorer. En 2021, j’avais pu faire le tire-bouchon entre Auray et Quiberon (en Bretagne), et j’étais bien déterminé à en cocher un ou deux autres en 2022. Le principe de ces trajets – et vous l’aurez compris si vous êtes anglophones – n’est pas le point de départ ni la destination, mais bien le trajet en lui-même, un trajet lent qui permet de profiter pleinement des paysages. J’avais donc élu de prendre la Ligne des Hirondelles reliant Dole à Saint-Claude, afin de profiter des forêts enneigées du Jura. Si le trajet en lui-même avait peut-être été légèrement survendu, cette escapade m’avait donné du baume au cœur.

Mais comme il a été dit dans le premier paragraphe, l’absence de solutions viables et d’opportunités ont rapidement mis fin au challenge. Dès mars, il a été plus raisonnable de se réserver pour les grandes aventures (à savoir les Îles Féroé qui frappaient à la porte) plutôt que de dépenser 300€ pour aller voir un concert. Cet échec éclair m’a servi de leçon, d’abord pour taire l’arrogance avec laquelle j’avais abordé cette nouvelle direction, mais aussi pour mon incompétence à trouver des solutions alternatives et out of the box. J’ai depuis acheté une tente, alors il n’est pas impossible que l’hiver soit teinté d’un camping sauvage intempestif. L’humilité gagnée n’a fait que renforcer l’envie de mieux faire. Cependant, malgré le faux-départ, l’année n’était pas finie.

Second souffle

En juin, je suis rentré de mes aventures hors de l’hexagone en étant revigoré physiquement et psychologiquement. L’occasion était donc parfaite pour sauter dans le train de n’importe quelle aventure et, coup de chance, un ami ressentait la même envie que moi. C’est donc sur les routes de l’Yonne que nous nous sommes dirigés afin de visiter les grottes d’Arcy-sur-Cure, la ville d’Avallon et la célèbre basilique de Vézelay.

Ce qu’il y a eu d’intéressant avec cette aventure, c’est précisément le côté aventure. Avoir un road trip fermé où tous les arrêts sont prédéterminés, sans laisser place à l’improvisation ou à l’exploration, c’est forcément moins intéressant. En tout cas à mon sens. Alors bien sûr, une telle philosophie est plus facile à appliquer lorsque l’on n’a qu’une seule personne à convaincre (d’autant plus si la personne en question est déjà convaincue), car gérer les impatiences d’un groupe de quatre ou cinq proto-aventuriers ne se fait pas avec la même mentalité. Si j’ai bien appris quelque chose cette année, c’est qu’une erreur est avant tout une occasion d’apprendre quelque chose de nouveau.

Aucun problème ici, puisque les moments les plus intéressants ont été pratiquement improvisés, ou en tout cas non-planifiés. En effet, juste avant d’arriver à la basilique de Vézelay, il y a un magnifique petit village au pied de la colline intitulé Saint-Père-Sous-Vézelay. Je l’avais vu mentionné dans le livre Marcher en France de Sylvain Bazin, sans pour autant en faire une grosse étape dans ma tête. Et pourtant, c’est dans ce petit bourg médiéval aux murs en pierre magnifiques, à l’église impressionnante et à l’aura de dark fantasy, que je me suis le plus plu. En plus, je me suis fait coller par un joli petit chat. Mieux encore, la dernière étape du voyage fut les rochers du Saussois, une idée trouvée en feuilletant un fascicule à Avallon.

Après une autre escapade nordique aux pays des lacs au début de l’été, j’ai profité des vacances de chacun vers la fin du mois d’août pour réaliser un de mes rêves : visiter le musée d’H.R. Giger. Il se trouve en Suisse, dans la ville de Gruyères, et est jumelé à un bar designé par l’artiste en personne. Je ne suis pas particulièrement fan de la saga cinématographique Alien, mais en revanche, je suis un fan de l’esthétique qui y est développée. D’une manière générale, je suis assez facilement bouleversé par les artistes qui arrivent à me plonger dans un monde complètement différent du mien. Cette capacité à transmettre leur vision de la réalité avec leurs crayons est un art que j’aimerais réussir à maîtriser avec mes mots. En attendant, j’ai dû me contenter d’admirer le travail fascinant d’un homme, de satisfaire le fan de Korn en moi en contemplant le micro “The Bitch”, et bien entendu de payer bien trop cher pour des bières ma foi honnêtes dans le bar du musée.

Cette fuite à quatre a tout de même mis en relief les difficultés que j’évoquais plus haut quant à la complexité de mettre un groupe de personnes d’accord. Rien de rédhibitoire pour de futures micro-aventures, mais une bonne mise en condition pour éventuellement voir plus haut, pour éventuellement voir plus grand. L’avantage que j’ai, à titre personnel, c’est que je voyage régulièrement en solo, rendant n’importe quelle expérience de groupe comme quelque chose de bonus. Cet état d’esprit est ce qui me permet probablement d’avoir plus de facilité à prendre les évènements avec du recul et à mettre plus rapidement mes propres velléités de côté. Néanmoins, l’année de micro-aventures était devenue une réussite en un week-end, la qualité se substituant à la quantité, et elle n’était toujours pas finie.

Bel automne

L’automne 2022 a été l’occasion pour moi de renouer avec moi-même, avec les autres, et avec le futur. En rentrant d’une expérience Workaway en Corse du Sud, je me suis arrêté à Bordeaux pour rendre visite à une amie qui m’est très chère et que je n’avais pas vu depuis longtemps. Je n’ai rien visité à part les restaurants et une librairie (vous en saurez plus en lisant l’article sur mes lectures de l’année), mais parfois l’aventure se déroule plus dans la tête que dans les jambes. Certes, un petit coucou en passant ne constitue pas vraiment une péripétie palpitante, mais l’ambiance de retrouvailles a glissé sur les semaines qui ont suivi ce passage éclair en Gironde.

Au début du mois de novembre, j’ai enfin pu rectifier un manque que la pandémie mondiale avait provoqué : celui des concerts. La tournée regroupant Wolves in the Throne Room et Stygian Bough (un groupe composé des membres de Bell Witch et Aerial Ruin) repassait par Colmar après avoir dû annuler leur date au même endroit en 2021. C’était la première fois que j’allais dans la salle du Grillen et que je découvrais son bar étudiant affilié, ayant la particularité de brasser sa propre bière. L’expérience fut bonne, très bonne même, d’autant que je n’avais pas vécu de concerts de musiques extrêmes depuis fin 2019. Je rêvais de voir Bell Witch depuis 2017, et même si ce ne sont pas des parties de Mirror Reaper qui ont été jouées devant moi, il n’en reste pas moins que j’ai trouvé dans le funeral doom un nouveau cocon à chérir. Bis repetita quelques semaines plus tard pour un autre concert, celui de Birds in Row, dans la superbe cathédrale des Trinitaires de Metz. Retrouver le plaisir de la musique live est encore sur ma to-do list pour les mois et années à venir.

Ce petit passage en Alsace m’a également permis de visiter les librairies de Strasbourg, de me ressourcer auprès d’amis proches, mais aussi de mettre deux orteils en Allemagne le temps d’une journée pour y visiter Fribourg-en-Brisgau. En y allant, je me suis fait harceler par la douane suisse qui a fouillé mon sac à dos pendant six ou sept minutes dans le train, refusant de croire que je n’avais rien acheté sur leur territoire (malgré le fait que je n’y ai passé que 19 minutes en gare de Bâle). C’est également la première fois que je vois des gens être autant désarçonnés par une plaquette de Doliprane dans une trousse de toilette. Qu’y puis-je ? Après tout, ce n’était qu’un entracte logique dans cette escapade ferroviaire, puisque pour un grand week-end de quatre jours, pas moins de quatre trains m’ont été supprimés. Pas en retard. Pas décalés. Pas remplacés par d’autres. Tout simplement supprimés. Parfait.

En arrivant tranquillement en décembre et en regardant un peu en arrière, c’est probablement la première fois où je peux dire que j’ai mené la vie qui me convient durant une année. Je ne me suis jamais senti aussi épanoui intellectuellement, à ma place socialement, sûr de moi et de mes choix, en paix avec moi-même et ceux qui m’entourent. Une telle décontraction permet d’ouvrir des voies plus facilement, de prendre le bruit de fond et l’agressivité ambiante avec plus de recul. Il est tellement plus facile d’être à l’aise avec les autres lorsque l’on sait ce que l’on veut et où l’on va. Débarrassé de ses peurs, débarrassé de ses hontes, débarrassé de ses exigences. Tout ce qu’il reste à faire, c’est d’aimer et d’être aimé. À 2023.


14 réponses à « Les Road Trips de 2022 »

  1. Avatar de MES LIVRES DE 2022 – Vagabond Cosmique

    […] aucun doute du plus grand moment de mon année de lecture. Petite anecdote dont je parlais dans mon résumé des micro-aventures de l’année, j’ai recroisé ce livre dans une librairie à Bordeaux juste après en avoir parlé à une amie […]

    J’aime

  2. Avatar de LA VOIE FÉROÏENNE – Vagabond Cosmique

    […] Les Road Trips de 2022 […]

    J’aime

  3. Avatar de À L’ARMORICAINE #1 : UN CROC DANS LE GR 34 – Vagabond Cosmique

    […] n’est plus quelque chose qui m’effraie et, comme je le disais dans mon récapitulatif de mes road trips de 2022, chaque erreur est devenue une occasion d’apprendre quelque chose de nouveau. Ce que je veux […]

    J’aime

  4. Avatar de CUISINE AILLEURS #1 – Vagabond Cosmique

    […] on peut aussi se retrouver dans des situations amusantes. Durant l’été 2022 par exemple, de passage à Gruyères en Suisse, mon groupe d’amis et moi avions mis un point d’honneur à aller déguster une fondue […]

    J’aime

  5. Avatar de LA BOUCLE EST DU SANCY – Vagabond Cosmique

    […] (ici, ici et ici), aux Îles Féroé et en Turquie, ou encore à me lire sur l’alimentation, les road trips ou la […]

    J’aime

  6. Avatar de Black Metal Hiking – Vagabond Cosmique

    […] Les Road Trips de 2022 […]

    J’aime

Laisser un commentaire