Comme l’année dernière, mon année littéraire a tout d’abord été rythmée par le challenge Overbooké (qui a démarré avec un peu de retard). J’ai échoué à le compléter à cause d’une catégorie non-remplie sur les 30, celle du livre de vulgarisation, car je n’ai rien trouvé de tentant et que je me suis plongé dans d’autres univers. Ce n’est pas un échec car, comme on le disait lorsque l’on a introduit ce défi en 2022, ce n’est pas une histoire de chiffre, c’est une histoire de curiosité.

Je ne vais pas vous faire la liste des 29 livres que j’ai lus pour les catégories correspondantes, mais simplement une petite sélection de ceux qui m’ont le plus surpris en dehors de ceux qui apparaîtront dans le top un peu plus bas. Je tiens tout de même à préciser que j’ai légèrement triché pour la catégorie “livre qui se déroule dans une ville que vous aimez”, puisque je me suis rendu compte qu’il n’y avait aucune ville que j’aimais particulièrement plus qu’une autre, donc j’ai choisi un livre se déroulant au Japon, un pays que j’aime plus que les autres.

Les belles découvertes du challenge 2023:
  • Livre d’un pays d’Océanie: Gideon la neuvième de Tamsyn Muir (et on peut ajouter les suites Harrow la neuvième et Nona la neuvième)
  • Livre d’un pays d’Asie: Out de Natsuo Kirino
  • Livre self-help: Un rien peut tout changer de James Clear
  • Livre d’un pays d’Europe (hors France): Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino
  • Un prix Nobel de littérature: Klara et le Soleil de Kazuo Ishiguro
  • Livre horrifique: La Maison des Épreuves de Jason Hrivnak

Par ailleurs, il n’y aura probablement pas de challenge pour 2024, car j’entame de mon côté un arc de science-fiction et d’horreur afin de renouveler mon répertoire, et je risque donc de moins m’éparpiller dans ma PAL. J’ai déjà entamé ces lectures dans un travail de recherches qui m’a servi à concocter ces deux articles (partie 1 et partie 2) et j’ai rattrapé des classiques encore non lus comme la trilogie 1Q84 d’Haruki Murakami, Un Cantique pour Leibowitz de Walter Michael Miller Jr., Stalker: Pique-nique au bord du chemin de Boris et Arcadi Strougatski ou encore L’Ombre du bourreau de Gene Wolf.

De plus, j’ai perdu pas mal de temps en m’intéressant à ce que les gens considéraient comme des livres choquants, dans l’unique but d’explorer un peu plus la psyché du lecteur moyen. Je ne suis hélas tombé que sur des livres absolument pas choquants ou bien des récits d’une méchanceté gratuite affligeante et qui n’apportent rien à l’humanité. Je ne vais en citer qu’un pour ne pas faire de la pub aux autres, mais le fait qu’un roman aussi immonde que Une Fille comme les autres (The Girl Next Door) de Jack Ketchum puisse être considéré comme un classique me met vraiment mal à l’aise. Parmi ceux qui m’ont laissé une bonne impression, il y a Miso Soup de Ryû Murakami, qui m’a également permis de découvrir l’une des plus belles citations sur l’écriture dans sa postface :

“La littérature consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots.”

En axant plusieurs articles de ce blog sur la découverte de nouvelles de science-fiction et d’épouvante, je me suis retrouvé à acquérir plusieurs recueils afin d’en dénicher certaines pépites. Si je n’ai pas encore eu le temps de tout lire et que je me réserve certaines lectures pour 2024, il est indéniable que la nouvelle est un format propice aux littératures de l’imaginaire (SFFF), car elle permet aux auteurs et aux autrices de s’exprimer sans contrainte. Pêle-mêle, j’ai lu des ouvrages d’Algernon Blackwood (un aïeul spirituel de Lovecraft), Knockemstiff de Donald Ray Pollock (ici dans le cadre du “livre préféré de votre auteur préféré”), Serpentine de Mélanie Fazi, Première Personne du Singulier d’Haruki Murakami, La fille-flûte et autres fragments de Paolo Bacigalupi, Radieux de Greg Egan ou encore Demain les chiens de Clifford D. Simak. Il y en a eu un plus marquant que les autres, mais vous le retrouverez un peu plus loin.

J’ai également découvert certains récits en écumant des sites anglophones, comme Nightmare Magazine ou Tor par exemple, ou encore via des versions audio mises en ligne sur YouTube. J’ai pu étoffer mes articles et mes inspirations grâce à cela et surtout découvrir de vraies voix singulières de la littérature moderne. Ci-après, vous trouverez une petite sélection de lectures courtes si vous avez entre vingt minutes et une heure et demie à tuer.

Les meilleures nouvelles que j’ai lues en 2023:
  • Des raisons d’être heureux de Greg Egan
  • Groupe d’intervention de Paolo Bacigalupi
  • Ceux qui partent d’Omelas d’Ursula Le Guin
  • Je n’ai pas de bouche et il faut que je crie d’Harlan Ellison
  • Élégie de Mélanie Fazi
  • The Poetry Cloud de Cixin Liu
  • 13 ways of destroying a painting d’Amber Sparks

Tous les ans, il y a un moment de l’année où je me rends compte que je n’ai pas encore lu de bandes dessinées ni de mangas parmi les nouveautés, et qui me plonge dans une petite frénésie de découvertes. Cette fois-ci, j’ai axé mes recherches selon les angles de science-fiction et d’horreur, afin de dénicher des ouvrages à partager. Je n’ai pas été très enthousiasmé par mes trouvailles en SF (mis à part une sortie que vous retrouverez plus bas), mais j’ai en revanche sévèrement pris mon pied en termes d’horreur. Niveau manga, il y a eu la petite sortie habituelle de Junji Ito avec Zone Fantôme, puis Bibliomania de Macchiro et l’étrange eroguro La Princesse du Château Sans Fin de Shintarô Kago. Pour ce qui est des comics, je me suis pris d’affection (comme beaucoup) pour le micro run Aquaman Andromeda de Ram V et Christian Ward. Cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds chez les super-héros, et tomber sur une histoire d’horreur cosmique fut une excellente surprise. Il y a ensuite eu le premier acte de The Nice House on the Lake de James Tynion V, un thriller SF ultra intéressant en dépit d’un chara design un peu faible, et enfin The Low Low Woods de Carmen Maria Machado (dont une des nouvelles était mentionnée ici) et Dani, une histoire triste et glauque bercée dans la sorcellerie. Mention spéciale à The Electric State de Simon Stålenhag, un excellent livre d’illustrations proposant tout de même une histoire de SF fascinante, comme c’est toujours le cas avec les univers que le Suédois crées.

Après ce petit récapitulatif du déroulement de mon année, voici une sélection des cinq meilleurs livres que j’ai lus en 2023, ou que je considère comme tels à l’instant où j’écris ces lignes.

Ce que nous avons perdu dans le feu de Mariana Enriquez

C’est mon livre préféré lu en 2023. Les autres ouvrages ne sont pas mis dans un ordre spécifique (et les listes ci-dessus non plus), mais Ce que nous avons perdu dans le feu sort tellement du lot qu’il me fallait commencer par lui. Tout d’abord, je suis déçu de moi-même. Sur les seuls conseils d’internautes, j’ai choisi de mettre en avant la nouvelle L’Hôtel dans un de mes articles sur les histoires d’horreur, sauf qu’après avoir lu le recueil dans son intégralité, il s’agit probablement de l’histoire que j’ai la moins aimée. Car oui, ce livre est un recueil d’histoires d’horreur. Ce n’est pas que la nouvelle n’est pas bonne, je ne l’aurais pas mis dans l’article si cela avait été le cas, mais le reste est d’une telle qualité que j’ai eu tort de me précipiter dans mon choix. Hormis ce détail anecdotique, Mariana Enriquez apporte à travers ses histoires tout un folklore sud-américain ainsi que des bagages politiques et historiques argentins, m’emmenant, moi, un lecteur français, sur un terrain qui m’est totalement inconnu. Il n’y a pas une seule mauvaise nouvelle dans ce recueil, un zéro skip comme diraient les fans de rap, et j’espère que des éditeurs prendront le risque de traduire plus de ses travaux à l’avenir.

Not All Robots de Mark Russell, Mike Deodato Jr. et Lee Loughridge

Il s’agit là de mon gros coup de cœur de l’année dans la catégorie roman graphique. De la SF intelligente, drôle, pertinente sur la condition humaine tout en ne négligeant pas de jouer de quelques fantaisies, bien dessinée et dont on se dit à la fin que l’on en aurait bien repris un ou deux numéros. Not All Robots déplace les humains au rang de spectateurs de la vie et les robots au grade de population active, en tout cas jusqu’à ce qu’une nouvelle génération n’arrive et ne les transforme à leurs tours en rebuts de la société. Se poser ce genre de question maintenant nous fera gagner du temps sur l’avenir, et si ce n’est pas à cela que sert l’anticipation, alors à quoi d’autre ?

Endymion de Dan Simmons

J’avais un peu délaissé le cycle des Cantos d’Hypérion après avoir fini La Chute d’Hypérion, non pas parce que je n’avais pas aimé, mais parce que le cycle se sépare en deux actes distincts et que je n’avais pas envie de me replonger immédiatement dans cet univers. Ce troisième tome est absolument palpitant, que ce soit dans la mise en place des nouveaux personnages ou dans la continuité de l’univers, et confirme la nécessité de l’existence de cette suite. Je l’ai préféré au quatrième et dernier tome L’Éveil d’Endymion, tout simplement parce que les péripéties m’ont semblé plus prévisibles, sans aller jusqu’à parler d’une déception.

Acceptation (Trilogie du Rempart Sud T.3) de Jeff VanderMeer

La fin présumée du cycle du Rempart Sud (un quatrième tome est apparemment en cours d’écriture) aura satisfait mon appétit de lecteur SF, surtout après un deuxième tome à la narration beaucoup plus lente, et proposant un contexte administratif qui pouvait, quoi qu’il arrive, difficilement me convenir. On ne connaît toujours pas tout de l’Area X, et certains de ses mystères sont voués à rester cachés, mais l’avancement de ce cycle et les questions philosophiques qu’il propose sur la nature de la vie et ce qu’elle pourrait être en fait une lecture obligatoire pour tous les fans de science-fiction un tant soit peu cosmique.

Entre Ciel et Enfer de Christopher Buehlman

On m’a vendu cet ouvrage comme “Dark Souls en livre”, alors forcément, étant fan de la licence vidéoludique, je n’ai pu qu’être intrigué par la proposition. Il se trouve que ce n’était pas vraiment une comparaison pertinente, mais je peux voir le rapprochement qui a pu être fait entre ces deux univers en ruine faits de déambulations désespérées. J’avais déjà effectué un parallèle similaire avec une partie du roman Elantris dans l’un des premiers articles de ce blog, sauf qu’il s’agit ici non pas d’une maladie imaginaire qui dépossède le manant de son humanité, mais de la peste noire de notre histoire à nous. Entre Ciel et Enfer (Between Two Fires en VO) est un très bon roman de Dark Fantasy, même s’il se passe techniquement sur Terre et non dans une contrée imaginaire. Je vous ai épargné la couverture immonde de la version française pour que vous puissiez vous régaler de cette beauté, bien plus évocatrice de l’ambiance du roman.

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6 réponses à « Mon année de Lecture 2023 »

  1. Avatar de A-t-on écrit de bons livres d’horreur cosmique après l’an 2000 ? – Vagabond Cosmique

    […] étranger), Tamsyn Muir (auteure néo-zélandaise de la géniale série de La Tombe Scellée, une grosse découverte de 2023), Lois H. Gresh (soixante nouvelles publiées à son actif et membre de la rédaction Science […]

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